Si nous avons beaucoup de chance, l’IA est d’abord une formidable opportunité théorique : elle laisse espérer des effets d’optimisation des marchés (financier, électricité etc.) , de nouvelles découvertes scientifiques, le déblocage du niveau suivant (comme dans un jeu vidéo, ou par le jeu magique d’un “Progrès”) d’un arbre de développement technologique, avec espérance d’effets économiques bénéfiques soumis au principe de singularité technologique, l’émergence de compromis éthiques (ex. dilemme du tramway), la libération des humains, de leurs tâches pénibles ou répétitives, l’augmentation statistique de la productivité.
À notre avis, ces opportunités théoriques sont ce que l’on peut espérer si tout se passe bien, et cela ne dépendra qu’en partie de la bonne volonté des acteurs. Par exemple, les anticipations de rentabilité devraient être mise en regard de la réalité des stratégies d’affaires et de détermination des prix : les modèles d’IA seront versionnés, leur facturation pourra changer de mode (rapportée au nombre d’utilisateurs, à l’unité de calcul, à la fréquence d’usage…) Ceci place la question des opportunités de rentabilité dans le cadre d’un récit que l’on croit plus ou moins auto-réalisateur. C’est faire abstraction de la réalité largement conventionnelle de toutes ces questions : les indicateurs, les notions comptables, les modes de calcul, les chiffrages etc. servant au calcul de la rentabilité sont tous décrétés par quelqu’un, et n’informe en définitive sur aucune réalité signifiante, ne serait-ce parce que le monde bouge, et est plus complexe que nous ne pourrons jamais l’anticiper.