Eric Boillaud

Docteur en sciences cognitives, praticien de l'apprentissage automatique, conseiller scientifique.

Depuis plus de 15 ans, j’aide les entreprises du bassin montréalais à développer des projets R&D en IA. J’ai une connaissance technique des modèles et méthodes d’apprentissage automatique en ce qui concerne le langage, les applications conversationnelles, la reconnaissance visuelle et le graphisme, ainsi que leurs applications dans l’industrie et dans le secteur des jeux vidéo. Mais j’essaie aussi d’avoir un regard d’anthropologue sur l’IA…

J’ai un amour, fait de respect et de contemplation, pour les mathématiques et pour les sciences au sens poppérien du terme. Je vois dans l’IA un fabuleux objet de curiosité intellectuelle, mais j’y vois aussi de la philosophie en action. Par ce que l’IA nous dit sur l’esprit, tout autant que par ce qu’elle ne nous dit pas, l’IA nous tend un miroir. Nous pouvons y regarder notre malheureuse propension, très ancienne, à nous mécaniser l’âme, à nous dénaturer. Je ne veux pas que nous cédions à cette tentation.

Je me dissocie du transhumanisme, tout autant que du réductionnisme matérialiste et rationaliste. Je ne vois dans l’IA que ce qu’elle est, une masse inductive sans aucune capacité déductive, et je m’attache à résister, en tant que scientifique, à la dérive des sciences vers une forme d’empirisme pré-galiléen dopé au big data. Mais je vois aussi dans l’IA tout ce qu'elle peut être dans son gigantesque potentiel, bien au-delà des tentations lucratives, des spéculations et des torsions sémantiques : un phénoménal bouleversement.

Je crois que les années qui viennent exigeront de nous une capacité à trouver une position réaliste dans cette révolution en mouvement, et à maintenir en soi un optimisme tonique.

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